En 1994, sous la houlette de l’excellent président de l’Association des Orgues d’Hermance, André Rochat, notre comité s’activa pour adjoindre une 4è cloche aux 3 anciennes dans le clocher de l’église paroissiale à Hermance.
Le but était de doter cette église d’un vrai carillon savoyard, donc avec 4 cloches, mettant en valeur par ce fait l’appartenance savoyarde du bourg au Comté puis Duché de Savoie durant des siècles.
Appelé à déterminer la note haute du carillon, j’optai pour un mi, ce qui donnerait une couleur plus modale au carillon : la – do – ré – mi, au lieu du fa plus courant, mais plus nordique.
Un banc fut construit au 1er étage du clocher pour actionner le carillon manuellement. Selon la tradition, les deux cloches graves furent reliées aux pieds et les deux aiguës aux mains.
On peut aussi évidemment carillonner électroniquement depuis la sacristie !
Grâce au très généreux soutien financier et amical de la Marquise Geneviève Costa de Beauregard – en titre Marquise d’Hermance ! – qui visita avec nous plusieurs clochers dans les cantons de Vaud et du Valais pour décider de notre façon de procéder, l’opération fut rondement menée, grâce à l’efficacité d’André d’une part, du professionnalisme de la Maison Paccard d’Annecy d’autre part.
Une belle fête réunit les enfants de l’école aux paroissiens sur la place de l’église au moment où la cloche fut hissée à la corde dans le clocher, afin de perpétuer la tradition. Un petit concert d’inauguration fut offert par notre ami Andreas Friedrich, mon collègue organiste et campanologue averti.
Pour garder une mémoire de l’installation de cette cloche, je reproduis ci-dessous la plaquette éditée à cette occasion.
Je profitai ensuite de cette opportunité originale pour intégrer le carillon du clocher à un oratorio que j’écrivis sur le texte des Béatitudes. Voir l’article consacré à cette oeuvre.
Le carillon du clocher répondait ainsi à un petit carillon médiéval installé dans la chapelle, de même qu’un petit orgue Renaissance dialoguait avec l’orgue baroque de la tribune.
Les bois furent disposés sur la tribune de part et d’autre de l’orgue, les cuivres dans les 2 étages du clocher, les harpes dans la sacristie, les percussions à l’entrée de la chapelle, l’orchestre à cordes dans la chapelle, avec le chef caché derrière le mur, le tout relié par une vidéo générale.
Ainsi, le public ne voyait que le récitant – Michaël Lonsdale – assis dans le choeur : il dialoguait avec un orchestre invisible de 40 musiciens dans notre petite église !
De bien beaux et grands moments, impossibles à enregistrer, on s’en doute.