Origine de la maxime

Ainsi passe la gloire du monde, venait dire un jeune moine aux pieds du Pape fraîchement élu par le Conclave, selon les rapports qu’en fait Etienne de Bourbon au XIII è s. 

Adam de Usk rapporte le même cérémonial pour l’intronisation d’Innocent VII en 1404.

Cette coutume fut abolie par le Pape Jean-Paul I (1912-1978), lequel eut tout loisir de méditer rapidement cette maxime, puisqu’il mourut 33 jours seulement après son élection.

L’origine de cette admonestation remonte vraisemblablement à l’Empire romain, sur l’organisation duquel l’Eglise chrétienne a été calquée, quand un esclave s’approchait de l’Empereur revenant victorieux d’une bataille et lui sussurait sur son char : memento mori : souviens-toi que tu dois mourir.

L’Ecclésiaste (Qohéleth) s’est fait une spécialité de ces réflexions autour de la mort : Vanitas vanitatum, et omnia vanitas : Vanité des vanités, tout est vanité. (I, 2).

Enfin le Moyen Age perpétue la réflexion avec la Roue de la Fortune bien connue, thème principal des Carmina Burana (issus de l’abbaye bénédictine bavaroise de Benediktbeuren au sud de Munchen, voir l’article dédié).

Mais il semble que la formule précise soit due à Thomas a Kempis (1380-1471) dans son Imitation de Jésus-Christ (voir livre I, ch 1 qui reprend l’Ecclésiaste).

L’enluminure remarquable de Chantal Pourchot

Le comité du Choeur des 3 Frontières en Alsace acheta cette enluminure à l’artiste accomplie dans plusieurs disciplines, notre amie Chantal, pour l’offrir en cadeau de départ à son chef après 20 ans de service, sachant que cela me ferait le plus grand plaisir.

Son art s’inspire de la façon du XIII è siècle, reprenant plusieurs sources pour une création originale. Les prémisses de la perspective datent bien sûr d’avant Giotto.

Au-dessus du moine copiste tonsuré (en blanc, peut-être pour mieux percevoir le drapé de la robe), on admire un nuage inspiré de la Bible de Nuremberg, avec une belle fin de clair de lune.

Le ciel étoilé de la lettrine reprend l’idée du myosotis, en lien avec les carrés qui ornent le fond de l’image. L’orteil relevé du pied nu s’amuse comme l’auteure, dans une pose originale de jambes croisées. On distingue même un reflet étoilé sur le coussin rouge.

Les outils, dont le calame de roseau, les pigments, le choix et le traitement des peaux, l’écriture et les cadrages, tout est l’oeuvre de Chantal, selon les régles médiévales.

On note que le couteau sert à la taille du calame, au grattage du bec de plume, à éviter tout contact de la main avec le parchemin (humidité, trace de gras).

Vives félicitations à elle !

JMC