Au printemps 1979, je sonnai à la porte du château de Bonmont. J’avais un rêve depuis longtemps : trouver un lieu médiéval délaissé à faire revivre et l’animer par tous les moyens possibles. Pouvait-on trouver cela en Suisse !?

Et pourquoi ne pas pas se lancer ? Qui n’ose rien n’a rien, me disais-je. Un homme affable m’ouvre la porte, je lui demande à rencontrer le propriétaire, sans rendez-vous préalable. On me fit patienter dans une antichambre, surpris par mon culot. Un homme de solide stature et à la barbe blanche ne tarda pas à venir me trouver et m’invita à boire un café.

On s’excusa de me recevoir au milieu des cartons avec une bouilloire et du café soluble, dans les murs blancs de ce qui allait devenir plus tard le grand salon du château. J’étais arrivé quelques jours seulement après la vente de ce domaine ! Henri-Ferdinand Lavanchy m’écouta attentivement et me fit visiter brièvement l’Abbatiale attenante : à l’intérieur, un grand pont en bois séparait toute la nef en 2 étages. En bas, les machines agricoles, en haut beaucoup de foin…

Je m’enflammai et proposai un plan d’aménagement sommaire pour organiser un grand concert test : voir si le public répondait à une invitation en hiver dans ce lieu oublié et privé.

Rendez-vous fut pris pour la semaine suivante afin d’étudier ce plan. J’avisai mes amis du CERN – j’y dirigais le choeur ces années-là, ainsi qu’un petit orchestre de physiciens – je préparai une proposition. Elle fut acceptée avec enthousiasme et H-F. Lavanchy m’annonça qu’il fallait donner le Messie de Händel pour le prochain Noël, qu’il se chargeait de faire chauffer l’église et qu’il servirait lui-même le vin chaud à l’entr’acte !… Tout cela fut fait, le concert dédoublé vu le succès des réservations, avec en prime un voyage à Londres pour choisir les solistes, organisé par le fondateur du Choeur du CERN devenu un ami : Colin Taylor.

Mon rêve s’est réalisé au-delà de mes espérances et je reçus tout l’argent nécessaire non seulement pour ce concert inaugural, qui eut un retentissement au-delà des frontières suisses, mais aussi pour les saisons suivantes de concerts et de manifestations diverses que le Club de Bonmont tout neuf prit en charge tandis que les équipes techniques du CERN assumèrent les aménagements dans l’église. Le directeur général de l’époque, Herwig Schopper, accorda le patronage officiel du CERN à l’Opéra-Studio naissant et les productions s’enchaînèrent en duplex entre Hermance ou Genève et Bonmont. L’oratorio Axion Estin de Elytis-Theodorakis chanté en grec avec un orchestre de Corfou pour les Clés de St-Pierre fut un grand moment de ces collaborations enthousiastes !!

Voici la plaquette qui résume l’exposition que j’organisai sur la vie des moines cisterciens quand ceux-ci remplacèrent les bénédictins en 1123, une page du Psautier de Bonmont que j’allai étudier à la bibliothèque de Besançon et dont nous pûmes présenter l’original durant l’exposition, l’affiche d’une des saisons organisées dans le domaine, l’émission de la TSR réalisée par Michel Dami dans ce haut-lieu, avant la restauration complète du site par l’état de Vaud.

Description du PSAUTIER DE BONMONT :

Il s’agit d’un magnifique livre d’images, pour l’édification du chrétien.

Les enluminures sont au verso et les dessins au recto. Pour en lire une description attentive, cliquer sur le lien ci-dessous.