Les anges et les archanges

Lors de mes études à Fribourg, nous échangeâmes avec quelques étudiants nos opinions sur une théorie, paraît-il jésuite – dont je n’ai pas retrouvé la trace précise – liée à la création des espèces vivant sur terre :

Raisonnement

Postulat : Dieu a créé l’homme à son image, doté d’un corps, d’un esprit et d’une âme.

La théologie chrétienne s’appuie pour cela sur la philosophie grecque, de Platon à Aristote, etc. Laquelle développe la pensée assyrienne et plus largement celle animiste hindoue.

L’ordre des créatures comprend :

  • les corps inanimés (l’état minéral)
  • les corps animés non dotés d’une âme, dans lesquels on distingue l’état végéral et l’état animal
  • l’homme, soit un animal doté d’un corps, d’un esprit et d’une âme

Pour arriver au Dieu créateur, il manque un maillon à la chaîne, soit la création d’un esprit doté d’une âme, mais sans corps : les anges.

Somme théologique de St Thomas d’Aquin

Si l’on étudie les questions 50 à 64 de la Somme théologique de St Thomas d’Aquin (1225-1274) , avec leurs différents articles où ce postulat est développé, mais en d’autres termes, on comprend que la question des anges puisse figurer dans toutes les religions, avoir inspiré toute la chrétienté.

Un être cher nous survit-il, nous protège-t-il ?

L’auteur développe considérablement sa réflexion sur la nature, le rôle, les mouvements, la connaissance, la volonté de ces créatures, au point qu’on le surnommera le docteur angélique, à la suite des écrits de Saint Augustin (354-430).

On peut ajouter la classification traditionnelle répartie en 9 ordres :

Les Séraphins, Chrérubins, Trônes, Dominations, Vertus Puissances, Principautés, Archanges, Anges.

Ces purs esprits habitent notre imaginaire, que les mythologies nordiques, celtiques appellent de diverses façons, que nos romans modernes et nos jeux vidéos nomment encore autrement, mais n’oublient pas.

La tradition chrétienne

La chrétienté occidentale ne retiendra que 3 archanges, Michael, Raphael, Gabriel auprès desquels la réforme anglicane et l’orthodoxie conservent Uriel. L’ancien Testament en nomme 7.

Les archanges (étymologiquement les conducteurs, les chefs des anges) comprennent également des êtres qui ont refusé de se soumettre à Dieu, le principal d’entre eux étant pourtant celui qui portait la lumière divine : Lucifer. Il entraîna dans sa chute les cohortes des anges sous ses ordres pour peupler la géhenne du feu. On le représentera peu à peu comme un dragon.

Le préfixe ou suffixe ‘el en hébreu, ou ‘al en arabe, rattache à Dieu le nom choisi.

  • Michael

De l’hébreu Mîkhâ : qui est semblable. Prince des archanges depuis qu’il a terrassé Lucifer, en lui disant « Quis ut Deus? » : qui peut se prétendre Dieu ? Voir le récit de l’Apocalypse, 12, 7.

A ne pas confondre avec Saint Georges qui terrasse aussi le dragon par imitation.

  • Gabriel

De l’hébreu gabar : la force. Dieu est ma force. Il en devient le messager. Sa représentation la plus célèbre est celle de l’Annonciation à Marie.

  • Raphael

De l’hébreu refa : Dieu guérit. Ayant rendu la vue à Tobit, le père du jeune Tobie, qu’il accompagne ensuite dans son voyage : il deviendra le patron des voyageurs.

  • Uriel, d’origine sémitique, Ur (Ura, ou encore Uri) signifie la flamme (lumière). 4ème archange pour les traditions anglicane et orthodoxe, il est plus présent dans les textes ésotériques.

Ces 4 archanges sont associés aux 4 points cardinaux, aux 4 saisons, ils sont régulièrement cités dans les textes liturgiques, les hymnes et antiennes, servent de référence dans certains oratorios comme Uriel dans la Création de J. Haydn.

La tradition ésotérique en nomme 12, associés aux signes du zodiaque.

Pour en savoir plus, consulter les sites internet dédiés.

Illustration : Mosaïques des quatre archanges dans l’église St John’s Church, Boreham, Wiltshire.