Notes de notes

Tant d’écrits pénétrants sur cette symphonie !! Des analyses du chef d’orchestre Igor Markewitch aux articles de Wikipedia et autres blogs ! Je préfère citer les biographes de son époque, pour ne pas marcher sur les sentiers forestiers de Didier Patel, qui nous en fera une présentation détaillée fort utile lors des Promenades musicales au Domaine de la Garde, fin août 2023.

Un des premiers biographes de Beethoven, Alexander Wheelock ThayerLife of Beethoven, rapporte les propos du musicien anglais Charles Neate, qui rencontra souvent Beethoven à Vienne :

« Neate, au cours de sa longue vie — il avait près de 80 ans en 1861 lorsqu’il s’entretint avec l’auteur — n’avait jamais rencontré un homme qui prenne autant plaisir à la nature; il se délectait intensément des fleurs, des nuages, de tout. “La nature était pour ainsi dire sa nourriture; il semblait réellement en vivre”. Se promenant à travers les champs, il s’asseyait sur n’importe quel tertre vert qui semblait offrir un siège confortable, et il laissait alors libre cours à ses pensées. […] Une autre fois, marchant dans les champs aux alentours de Baden, Neate évoqua la Symphonie ‘Pastorale’ et le pouvoir qu’avait Beethoven de peindre des tableaux en musique. Beethoven déclara : “J’ai toujours un tableau à l’esprit, lorsque je compose, et je travaille jusqu’à y parvenir.” »

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“Il aimait être seul avec la nature, pour en faire sa seule confidente“, écrivit la comtesse Theresa von Brunswick. Beethoven aimait faire l’expérience de la nature dans toutes ses humeurs, sentir le vent, la pluie et le soleil sur sa figure. À Baden, on dit qu’il refusa un jour avec colère l’offre d’un parapluie, et seule l’éminence du personnage pouvait faire sourire son hôtesse devant son habitude d’éclabousser tout le mobilier au retour d’une de ses marches sans parapluie.

Lors de ses nombreuses marches aux alentours de Heiligenstadt et Nußdorf, au nord de Vienne, c’était de vastes prairies, des crevasses rocheuses, des chemins dans les bois cernés d’ormes et des ruisseaux murmurant, se précipitant qui ravissaient Beethoven. La beauté d’une scène naturelle le transportait souvent de ferveur religieuse. “Tout-Puissant dans la forêt! Je suis bienheureux, plein de bonheur dans la forêt: chaque arbre parle à travers toi. Ô Dieu! quelle splendeur! Dans un tel pays de forêts, sur la hauteur est le repos, le repos pour le servir“, écrit-il dans son journal en 1815, dans un moment d’exaltation panthéiste, après la lecture de philosophes indiens, des Upanishads et de la Bhagavad-Gïtâ. »

Alexander Wheelock Thayer, révision et édition par Elliot Forbes, Thayer’s Life of Beethoven, Princeton University Press, New Jersey, 1141 pages, p. 620

Anton Schindler raconte qu’un jour d’avril 1823 il se promenait avec Beethoven :

« Nous traversâmes la charmante vallée, entre Heiligenstadt et ce dernier village [Grinzing] ; nous franchîmes un ruisseau limpide descendant d’une montagne voisine, et au bord duquel un rideau d’ormes encadrait le paysage. Beethoven s’arrêta plusieurs fois, promena ses regards enchantés et respira l’air embaumé de cette délicieuse vallée. Puis s’asseyant près d’un ormeau, il me demanda si, parmi les chants d’oiseaux, j’entendais celui du loriot! Comme le silence absolu régnait, dans ce moment, autour de nous, il dit “Que la scène du torrent fut écrite dans cet endroit, et que les loriots, les cailles les rossignols, ainsi que les coucous, étaient ses collaborateurs!” » 

Anton Felix Schindler, Histoire de la vie et de l’œuvre de Louis Van Beethoven, traduite et publiée par Albert Sowinski, Garnier frères, Paris, 1864, 419 p. Pages 105-106. Sources citées par Wikipedia.

La référence directe aux chants des oiseaux est citée par le compositeur sur sa partition, à la fin du 2è mouvement, celui de la caille étant le plus facile à reconnaître.

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