Triptyque pour notre fils

  1. Michaël Curti  6 juillet 1982 – 13 mars 2021

Un frisson parcourt la neige fraîche, elle accueille le sable du désert quand celui-ci vient jusqu’à nous.

Un décor somptueux pour notre fils Michaël, 38 ans, qui n’est jamais revenu de sa randonnée en raquettes, près du lac noir au-dessus de Chandolin (Val d’Anniviers, Valais).

Cela est arrivé il y a quelques jours déjà, mais les besoins de l’enquête avec la police de Sierre, les recherches avec les guides et l’hélicoptère, la grande tempête qui s’est abattue sur cette région dès le lendemain de sa course en solitaire font que nous avons gardé le silence, cessé provisoirement les recherches.

Car son corps n’a pas encore été retrouvé. Il repose désormais dans un grand linceul blanc, mais son âme a rejoint son Dieu si ardemment désiré. Il nous faudra attendre de retrouver les traces du sable sur la neige pour reprendre les recherches, dans un mariage tellement irrationnel, simplement beau. 

Ces traces expriment les recherches passionnées de Michaël, commencées durant ses très nombreux voyages, avant ses années au Séminaire de Fribourg, son master en théologie, son action au Liban, en Ethiopie et tout récemment via internet depuis la Suisse. Son voyage en Algérie (voir sa participation importante au livre sur les moines de Tibhirine, Parole et Silence, Fribourg 2017), lui qui vivait de plus en plus comme un moine, l’a amené à mettre en pratique l’injonction du Pape François « tous frères », figure prophétique qui l’a fortement interpellé.

Le sable a rejoint la neige sur un champ des anges, qui chantent un doux hommage. 

Pace e bene.

L’oratorio du coucher au lever créé en automne 2021 prend d’un coup une résonance très directe, qui nous met en face de nous-mêmes sans fioriture.

Si vous pouviez voir la région où son corps repose sous des mètres de neige, vous seriez comme nous saisis d’un sentiment de paix, loin des bruits du monde, proche du service de Dieu.

Claire, Nicolas, Olivia et Dominique, Benjamin et Gersende, leurs enfants, Chantal, Arturs et les nombreux proches de Michaël se joignent à moi pour un salut fraternel.

JMC

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2. A la recherche de Michaël

Le milan dit à l’archange : 

Dans mes montagnes paisibles

Il n’y a jamais de dragon.

Cherche dans tout ce qui change,

Chez l’homme du bas, risible,

Dans l’ombre noire de l’agon.

Moi, libre chanteur du soleil,

Des astres en chemin, pareil

Au lac sans lumière tendre,

Dès avant de vous le rendre,

Je l’ai cherché, humé, happé,

Votre Prométhée du Tsapé.

JMC-31 mars 2021

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3. 9 mois plus tard – Pace e bene ou un frère parmi les frères

Se sentir proche d’un autre est un sentiment étrange.

Vivants, nous sommes en lutte incessante,

A peine nés, il nous faut batailler,
Puis il faut supporter,
Enfin, il faut céder.

Mais il ne s’agit que de soi-même.

Vient le jour où je prends conscience que quelqu’un d’autre compte dans ma vie. Ce quelqu’un peut devenir un autre, inconnu, ami, ennemi.
Cet autre peut être un miroir – pauvre de moi !
Cet autre peut être la suite de moi : j’en puis être fier ou agacé.

Vient le jour où l’autre disparaît :
C’est une partie de moi que je ne sens plus,
L’autre se révèle ne pas être celui que j’avais ressenti.
Mais non ! C’est un vide sidéral que le souvenir ne comble pas.

Mais Toi, Tu es là, fidèle et souriant.
Ta bonté fut sans faille chaque fois que je t’invoquais.

Le fils est parti mais Tu restes proche de nous,

Etrange impression de vide et de plein.

Bientôt la paix à mon tour, déjà ici le bien que je reçois tous les jours.

Tu es mon Dieu, tu es aussi mon frère,
Parmi les frères.
Pace e bene.

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Voici la video imaginée et mise en oeuvre par Michaël dans le cadre de son action au Liban liée à la Suisse Romande, pour Noël 2020. Toute une synergie bénévole avec ses amis et amies fut mise en place pour un sujet video remarquable prenant comme base de travail collectif le Noël de Provence de Nicolas Saboly à la mélodie bien connue.

Sous l’avalanche

Nu

le

sol

vide

l’air

noir

plus

de

soin

pas

de 

son.

Vers

le

bois

vert

plan

sec

de

vide

plus

de

prose.

Bleu

face 

au

froid

bras

en

croix

crois

tu

le

sol

creux ?

Neige

en

fond

glace

en

face

tu

m’as

pris

ma

vie.

Plus 

de 

bruit

nuit

just’

le

temps

de 

dir’

Mam’m

P’pa

Nic

Ol

B

J’A

ME R CI

RI

VE

.